Rapport de mission ENABEL 6 au 18 février 2023
Posons l’approche de l’objet de cette mission (les « crises non épileptiques psychogènes » chez des jeunes femmes inclues dans le programme Integra soutenu par ENABEL) selon une triple voie :
- Médico-psychiatrique (classique et contemporaine), 2. Psychodynamique,
- Anthropologique.
Nous suivrons le fil chronologique de la mission pour prendre le temps de déplier succinctement ces points de vue au fur et à mesure de leur découverte au départ des entretiens cliniques.
Lundi 6 février
Voyage Paris-Conakry
Mardi 7 février
Visite du site de formation Integra de Taouyah, Conakry (couture).
Dr Aissatou Sona Niakate (FMG)
Monsieur Jean-Pierre Leno (Intégra)
Dr Michel Dewez (Sa.M.O.A.)
18 femmes présentes sur 25 inscrites, au travail devant une petite table sur laquelle repose une machine à coudre, dont cinq patientes potentielles.
Questions/réponses à Monsieur Leno et aux deux responsables de l’atelier (un homme et une femme) concernant tant les critères d’inclusion que l’organisation de l’atelier.
Nous profitons de la pause qui voit la salle se vider pour réunir les 5 patientes potentielles. Nous sommes assis en cercle dans la salle de couture. Présentation des visiteurs étrangers et du cadre de nos possibles futures rencontres : la rencontre sera individuelle (dans les locaux de FMG), libre (sans représailles si refus), confidentielle ( sous le couvert du secret professionnel ), d’une durée d’une heure environ.
Après présentation, je demande aux participantes si elles souhaitent poser une question. Silence, puis leurs regards se portent sur l’une d’entre elles. Les quatre autres quittent la salle sans mot dire. Je me tourne vers la première qui se frotte les tempes avec les doigts pendant une ou deux minutes, le facies douloureux, les yeux fermés, puis tombe. Les quatre membres se contractent alors rapidement sans présenter de secousses ; le corps se cambre en arc de cercle tendu entre occiput et talons ; la patiente roule quelque peu de gauche à droite avant de reprendre la pose. La crise dure quelques minutes. Les contractures s’apaisent. Les paupières s’entre ’ouvrent progressivement en clignant, laissant paraître le regard absent d’une sclérotique blanche, pupille invisible sous la paupière supérieure. Puis le regard se recentre, la pupille reprend vie, peu avant la conscience. La patiente se frotte le dos d’une main qui aura heurté un pied de chaise. Après quelques instants, elle se redresse et s’assied. Elle n’aura prononcé un seul mot.
On nous apprend que les autres femmes ont quitté les lieux pour éviter la « contagion ». Elles reviennent l’une après l’autre dans la salle. La discussion s’engage sur des questions d’organisation comme si de rien n’était. Nous prenons RV pour le lendemain, chacune à son heure. Pouvions-nous espérer meilleure entrée en matière et plus belle présentation du sujet.
Question de Monsieur Leno : « Est-ce là manifestation sub-saharienne ? »
Réponse : Iconographie[1],2 issue du service du Pr Jean-Martin Charcot à l’hôpital de la Salpetrière à Paris ( vers 1870/1880 ). La crise y est alors qualifiée : « crise d’hystérie ».
« Hystérie » signifie ici : émotionnelle (psychogène ; somatoforme ; à symptomatologie somatique ; etc) et donc non organique (non neurologique, y compris fonctionnelle ; non épileptique ; non métabolique ; non somatique ; etc) et ne pose en rien un diagnostic concernant la patiente.
- le regard psychiatrique.
En 1980, l’APA (American Psychiatric Association) a supprimé le terme d’hystérie (ainsi que celui de névrose) du DSM 3 (Diagnostic and Statistical Manual of mental disorders) et a choisi dans sa dernière version ( le DSM 5 ) l’appellation « trouble dissociatif » ou « trouble de conversion » pour dénommer certaines manifestations de ce qui jusque-là étaient qualifiées d’hystériques. Ce changement est lié, selon l’APA, au souci d’éviter toute référence à des concepts directement associés au modèle psychanalytique, le DSM[2] se prétendant athéorique (même si transpire entre les lignes, à peine voilé, son dessein de faire de la psychiatrie une neurologie fonctionnelle). Changement lié également, disent les membres de l’APA, au manque de consensus concernant l’appellation d’hystérie.
L’argument n’est pas nouveau : au XIXe siècle déjà, Ernest-Charles Lasègue, alors qu’il tentait de clarifier cette notion, a conclu de façon catégorique : « La définition de l’hystérie n’a jamais été donnée et ne le sera jamais. Les symptômes ne sont ni assez constants, ni assez conformes, ni assez égaux en durée et en intensité pour qu’un type, même descriptif, puisse comprendre toutes les variétés »[3].
Lasègue aurait eu à préciser : « La définition de l’hystérie n’a jamais été donnée et ne le sera jamais selon la logique biomédicale ».
Si l’on s’en tient à la forme : symptômes objectifs à syndrome à maladie à traitement, l’hystérie est effectivement inclassable. L’hystérie, si elle était une maladie au sens biomédical du terme, serait peut-être la seule qui ne se définirait pas par ses symptômes puisque tous peuvent y prétendre. Pardonnons à Lasègue, de 9 ans l’ainé de Charcot, d’avoir été absent à la leçon du 28 juin 1892 de ce dernier. En effet : Charcot ne s’y était pas trompé. Lui, le neurologue de génie qui avait percé le secret de la maladie qui a gardé son nom (la sclérose latérale amyotrophique) se résolvait dans ses dernières leçons à reconnaître que, quant’ à l’hystérie, le lieu du désordre n’était pas à chercher dans l’organe cérébral selon la méthode anatomoclinique qui avait porté ses fruits pour la SLA, mais dans d’univers du sens, de sa grammaire, de sa syntaxe et de sa langue, ouvrant la voie à une science nouvelle[4].
Charcot ne pourra s’avancer plus avant, terrassé par une crise cardiaque quelques mois plus tard (en août 1993). C’est un de ses élèves, un jeune neurologue venu de Vienne pour suivre ses cours d’octobre 1885 à février 1886 qui poursuivra sur cette voie.
L’hystérie, en effet, ne se définit pas par ses symptômes mais par ce qu’ils signifient. Et l’hystérie peut emprunter à la nosographie médicale tout type d’expression pour se manifester. Somme toute, les symptômes hystériques sont des rébus, qui demandent à être traduits pour trouver leur signification. Mais les pièces du puzzle viennent d’ailleurs : c’est le corps qui s’offre à la lecture à travers ses symptômes.
De même, si les « crises d’hystéries » sont aujourd’hui classées sous la rubrique 300.11 du DSM 56 (« Trouble de conversion avec attaques ou crises épileptiformes ») selon leurs manifestations comportementales, nous les considèrerons comme l’expression d’une voix dont l’espoir n’est autre que de se faire entendre.
Elles ne relèvent donc pas du « normal » ou du « pathologique ». Cette distinction leur est étrangère, puisqu’elles sont « langage », au sujet duquel cette question ne pourrait être qu’incongrue.
Le terme « hystérique » est aujourd’hui disqualifié, péjoratif, injurieux dans la langue vernaculaire, et | ||
pourtant, l’hystérie existe. Pour preuve : cette patiente qui nous en offre ce matin-là un exemple | ||
indiscutable. | ||
La nommer « attaque non épileptique psychogène » ou « crise psychogène ou non épileptique » (DSM 5) n’apporte rien.
Plus encore, en voulant la réduire à une pure forme sans contenu telle que le serait (pour peu que cela se puisse) une description exclusivement comportementale, le DSM prétend vider la crise de tout sens et de toute implication subjective, la réduisant à n’être que « décharge » énergétique dans une économie de forces « naturelles » contrariées, ignorant ce qu’elle comporte en termes de sens, et donc de sujet pour le porter. Une coquille vide.
Je n’oublie pas l’enseignement d’un de mes maîtres en psychiatrie, le Professeur Jacques Schotte[5], fondateur de l’anthropopsychiatrie, qui n’hésitait pas à dire que le DSM représentait selon lui « l’achèvement de la médecine moderne, au sens où l’on achève des blessés[6] »
La CIM 10 (10° édition de la Classification Internationale des Maladies) apporte une distinction qui aurait pu nous paraître intéressante. En effet, elle distingue :
F44.3 : état de transe et de possession (troubles caractérisés par une perte transitoire de la conscience de sa propre identité, associée à une conservation parfaite de la conscience du milieu environnant. Sont à inclure ici uniquement les états de transe involontaires ou non souhaités, survenant en dehors de situations admises dans le contexte religieux ou culturel du sujet).
F44.5 : convulsions dissociatives (Les convulsions dissociatives peuvent s’appliquer très étroitement aux mouvements que l’on observe au cours d’une crise épileptique ; cependant, la morsure de la langue, les blessures dues à une chute ou la perte des urines sont rares ; par ailleurs, le trouble peut s’accompagner d’un état de stupeur ou de transe mais il ne s’accompagne pas d’une perte de la conscience).
Mais, aux dires de ses auteurs, ces deux évènements ne s’accompagnent pas de perte de la conscience, ce qui est le cas pour toutes les patientes rencontrées qui « faisaient des crises ».
La multiplication des appellations contemporaines doit nous laisser perplexe : entre « transe involontaire », « convulsions dissociative », « trouble de conversion avec attaques », « crise épileptiforme », « crise non épileptique psychogène », « attaque non épileptique psychogène », « crise psychogène ou non épileptique », etc, etc… nous pouvons penser qu’aucune de ces appellations ne convient puisqu’elles se multiplient, ratant chacune ce qu’elles prétendent circonscrire.
Ne gardant de la « crise » que la forme, elles en ratent le fond en la vidant de son sens.
La psychiatrie contemporaine semble donc ne rien nous apporter quant’ à la compréhension de ces | |
« crises ». |
- L’écoute psychodynamique.
L’hystérie est langage. Elle est une langue du corps lorsqu’il se laisse parler/parlé.
Mais, paradoxe :
Corps parlé par une signification qu’il ignore.
Corps qui parle d’un énoncé qu’il donne à voir.
Mais quel est le sens du message physiquement (et silencieusement) énoncé ?
Si l’expression est somatique (et aspécifique) et l’origine « émotionnelle », de quelle émotion s’agitil ?
Posons l’existence d’un conflit, générateur de la crise qui en est l’expression autant que la résolution en termes énergétiques.
Mais où situer ce conflit ?
Entre la patiente et sa famille ?
Entre la patiente et le cadre de contraintes social, culturel et religieux ?
Entre la patiente et une part secrète d’elle-même dont elle ne soupçonne pas la nature ?
Et de quelle nature est le conflit ? Moral ? Ethique ? Passionnel ? Mystique ? Erotique ?
Conflit d’hier revisité ou d’aujourd’hui ?
Conflit réel (traumatique) ou intrapsychique (fantasmatique) ?
Que dit savoir la patiente de ce conflit ?
Son non-savoir est-il de complaisance ? intéressé ? structurel ?
Et ce silence : paroles interdites (par quoi, par qui) ? Bridées ? Impossibles ?
Avançons doucement.
Ce mardi 7 février donc :
Visite à FMG. Rencontre des divers partenaires.
Discussion informelle dans le bureau de Mémisa :
Nécessaire distinction entre ethnies : Peuls, Malinké et soussous ?
Mariages précoces, contrainte des femmes ?
Hypothèse sociologique des crises comme acte de révolte et de refus dans le domaine du mariage, de la sexualité et de la maternité ? Signification qui serait refusée par les familles qui y substituent alors des explications sorcières (mauvais sorts) ou mystiques (diables) qui excluent donc toute implication subjective tant de la patiente que de son entourage direct ?
Mercredi 8 février.
Rencontre avec les bénéficiaires du programme Intégra Conakry qui présentent des crises.
Dr Aissatou Sona Niakate (FMG)
Dr Michel Dewez (Sa.M.O.A.)
Patiente 1 : A. C. 20 ans.
Patiente 2 : M. C. N’a jamais fait de crise.
Patiente 3 : F. C. 22 ans.
Patiente 4 : M. K. 24 ans.
Patiente 5 : F. Y. 26 ans (patiente qui a présenté une crise la veille au centre de formation). Patient 6 : D. S. 21 ans
Jeudi 9
Conakry, local FMG. Discussion théorico-clinique.
Vendredi 10
Conakry, local FMG. Discussion du texte « psychothérapie » (voir annexe).
Samedi 11
Repos
Dimanche 12
Voyage Conakry/Pita
Lundi 13
Visite du site Integra de Pita.
Dr Aissatou Sona Niakate (FMG)
Madame Aly yero Bah (FMG)
Dr Michel Dewez (Sa.M.O.A.)
Rencontre de trois bénéficiaires :
Patiente 1 : M.B. 19 ans.
Patiente 2 : A.K. N’a jamais fait de crise.
Patient 3 : Mr A.B. 30 ans. N’a jamais fait de crise.
Voyage Pita/Kindia.
Mardi 14
Kindia : CSA de Moriady (FMG).
Dr Aissatou Sona Niakate (FMG)
Dr Michel Dewez (Sa.M.O.A.)
Patiente 1 : C.B. 18 ans.
Patiente 2 : M. S. B. 21 ans.
Patiente 3 : R. F. 22 ans.
Patiente 4 : N. S. 24 ans.
Patiente 5 : A. D. 24 ans.
Mercredi 15
Kindia : CSA de Moriady (FMG).
Dr Aissatou Sona Niakate (FMG)
Dr Michel Dewez (Sa.M.O.A.) Dr Hamidou Diallo (FMG)
Patiente 1 : C.J. 20 ans.
Patiente 2 : I. C. 22 ans.
Patiente 3 : T. C. 22 ans. N’a jamais fait de crise.
Patiente 4 : M. S. 20 ans. N’a jamais fait de crise.
Patiente 5 : C. S. 23 ans.
Patiente 6 : K. C. 18 ans. N’a jamais fait de crise.
Total : 20 patient(e)s dont 14 qui ont fait/font des crises.
Jeudi 16
Voyage Kindia/Conakry.
Vendredi 17
Conakry.
Restitution au siège d’Enabel.
Restitution au siège de FMG
Voyage Conakry/Paris
Samedi 18
Paris.
Remarque concernant la fréquence du phénomène :
Dans le cadre d’une mission antérieure (FMG-Mémisa novembre/décembre 2017) qui eut lieu à Timbo, Thianguel-Bori et Télimélé, mission de reprise des activités sur le terrain après quelques années d’absence, nous avions reçu, sur 82 patients ayant des problèmes de santé mentale, 26 patientes qui « faisaient des crises », soit 32% de ceux-ci.
Commentaires
- Le point de vue anthropologique.
- Distinction entre transe et crise « hystérique » (aussi appelées « CNEP : Crise Non Epileptique Psychogène »).
Disons la transe : un dispositif social, ritualisé, dont l’objectif est de produire auprès de sujets consentants et désireux d’y accéder, un « état de conscience modifié » qui leur permet un dialogue, une expérience avec un Autre monde (celui de l’au-delà, des diables, des Ancêtres, de la Nature, du grand Tout … ).
Les crises sont recherchées, provoquées (musique, danses, produits psychoactifs, etc), attendues, et les messages reçus ou l’expérience vécue sont valorisés.
La transe est un évènement universel. Son exercice est indépendant de tout critère « diagnostic » qu’il soit médical, psychiatrique ou psychodynamique.
Existe-t-il des phénomènes de transe en Guinée, socialement organisés, tels que décrit ailleurs en Afrique tant du Nord que sub-saharienne (voir la bibliographie ) ?
Peut-être peut-on y rapprocher, en Guinée, le dispositif divinatoire que nous avons découvert en 2002 dans le village de Moribaia, entre Coyah et Forécariah :
Vous trouverez, dans une maison du village, une pièce sombre dans laquelle vous êtes introduit. M’a Sonti, une diablesse, est sous un drap sur un brancard posé sur les épaules de deux porteurs. Un troisième officiant vous reçoit. Des trois, lui seul parlera. Posez-lui votre question, il l’adressera à M’a Sonti. Celle-ci se mettra alors en mouvement, les deux porteurs affectant un « état second », yeux révulsés. Les mouvements du brancard provoqués par M’a Sonti feront bouger celui-ci sur les épaules des officiants, qui se contorsionneront (« simulant ? » une transe). Ces mouvements seront lus par le troisième qui en restituera le sens, réponse à votre question.
Trois positions donc : 1. le consultant, 2. les officiants en transe à l’interface de notre monde et de celui de la diablesse dont ils recueillent le message, 3. l’interprète.
Nous retrouverons ce dispositif structurel par exemple lors des cérémonies des églises pentecôtistes[7] : 1. L’assemblée des fidèles, 2. Le fidèle qui tombe en transe et parle en langue (glossolalie), 3. L’officiant qui traduit.
Une des patientes rencontrées à Conakry nous a dit avoir fait sa première crise lors d’une assemblée de prières de guérisons organisée à Ratoma par une officiante de confession musulmane. De nombreuses personnes ont, sous ses yeux, « fait des crises » (pour reprendre ses termes). Elle fut emportée par le mouvement et a repris connaissance chez elle. Mais sa présence à cette assemblée n’était pas sans raison, qu’elle nous détaillera, et qui ne relève en rien de la transe collective.
Ces événements ( rituels de transe ) existaient-ils il y a quelques décennies encore (ou existent-ils ailleurs) en Guinée comme partout en Afrique ? Il serait étonnant que ce ne soit pas le cas. Mais que sont-elles devenues ? Répondre à cette question mériterait des enquêtes de terrain approfondies.
L’Europe d’aujourd’hui connait-elle encore de tels évènements ? Certes oui ! Il n’est pas difficile de trouver sur Internet l’adresse du site du « Hadra[8] transe festival », et l’écoute de participants à des Rave party nous laisse perplexe d’y retrouver les mêmes termes que ceux qui racontent les transes africaines.
Les CNEP, quant’ à elles, se produiraient sans motif apparent, et devraient donc être considérées par les patientes et surtout leur entourage comme des manifestations pathologiques.
Selon le cadre épistémologique, la même manifestation peut donc s’appeler crise émotionnelle, transe, crise d’hystérie, trouble dissociatif convulsif, trouble somatoforme, etc.
Mais relèvent-elles toutes de la même logique pour autant ?
A écouter les patientes, les choses ne sont pas si simples.
Plus d’une par exemple nous ont dit avoir reçu des remèdes traditionnels qui ont fait disparaître les crises ( souvent remplacées par des céphalées ) mais nous ont avoué n’être pas très assidues à leur traitement pour des raisons invoquées assez futiles. Y tiendraient-elles donc à ces crises un peu ? Beaucoup ? Passionnément ? … ?
La dramatisation de la première crise (c’est-à-dire, au sens étymologique, le récit de sa mise en acte, sa mise en scène) est racontée par la patiente. Souvent, ce récit mobilise ces acteurs subtils que sont les diables (9 patientes sur les 14 patientes qui « font des crises »).
Ils sont blancs disent-elles (non pas venant du Nord mais de couleur blanche). Une toge, une chevelure, une barbe… Le visage le plus souvent indistinct…
Ils demandent (élément essentiel à mon avis, ouvrant à toutes les embrouilles ).
Souvent jaloux et possessifs, ils font des cadeaux. Parfois menaçants, parfois libertins.
Celui-ci offre un cahier qu’hésite à refuser la patiente. A cette autre, il se présente par deux fois comme un serpent noir, qui devient mi-femme mi-serpent, et qui se révèle être un homme. Il demande un sacrifice (une calebasse, des noix de cola blanches, des œufs ; une poule blanche) pour lui montrer son vrai visage (ce qu’elle refuse en tergiversant, de peur de… ?), mais aussi … un enfant. Faire un enfant pour le diable… ! Emoi, trouble, bouleversement… Elle s’offusque mais n’en pense pas moins. Entre Rosemary’s Baby et l’immaculée conception.
Les diables, en faisant parler d’eux, la font parler d’elle. Ils la « mettent en scène » et lui font dire les affres du désir et les dilemmes qui la transportent. Les diables donnent la réplique.
Et lui donnent les clés pour consulter un tradipraticien (ce qu’elles avaient toutes fait, non sans une certaine amélioration, même si partielle ou passagère. Conciliantes mais pas naïves) et recevoir de celui-ci traitement (fumigations, ablutions…) et interdits (ne pas aller au marigot, ne pas puiser l’eau du puits, ne pas se promener sur la plage en particulier au crépuscule…).
Les tradipraticiens auxquels nous avons posé la question : « comment les jeunes filles peuvent-elles se protéger des diables ? » nous ont répondu unanimement : les jeunes filles se couvriront, ne porteront pas de vêtement moulant, et réciteront certaines prières avant d’aller aux toilettes. Il ne faut pas tenter le diable. Mais Ils nous indiquent ainsi clairement de quel bois tout ceci[9]se chauffe.
Hypothèse psychopathologique :
Posons que nous avons à distinguer :
- La première crise lorsqu’elle n’apparait pas par « « contagion ».
- Celles qui suivent et répètent la première.
- Les crises qui se produisent par « contagion ».
C’est à la recherche de la compréhension des crises collectives que s’éclairera peut-être la logique de la première crise.
La question de la « contagiosité » des crises : l’identification dite « hystérique ».
Relisons ce texte fondateur sur le sujet :
« Dans un troisième cas, particulièrement fréquent et significatif de formation de symptômes, l’identification s’effectue en dehors et indépendamment de toute attitude libidinale à l’égard de la personne copiée. Lorsqu’une jeune élève de pensionnat reçoit de celui qu’elle aime en secret une lettre qui éveille sa jalousie et à laquelle elle réagit par une « crise » (d’hystérie), quelques-unes de ses amies, au courant du fait, subiront, pour ainsi dire, la contagion psychique et auront une crise à leur tour. Le mécanisme auquel nous assistons ici est celui de l’identification, rendue possible par l’aptitude à se mettre dans une certaine situation ou par la volonté de s’y mettre. Les autres peuvent également avoir une intrigue amoureuse secrète et, sous l’influence du sentiment de leur culpabilité, accepter la souffrance que cette faute comporte. Mais il serait inexact d’affirmer que c’est par sympathie qu’elles s’assimilent le symptôme de leur amie. Au contraire, la sympathie naît seulement de l’identification, et nous en avons la preuve dans le fait qu’une contagion ou imitation de ce genre se produit également dans des cas où il existe entre deux personnes données moins de sympathie encore qu’entre des amies de pension. L’un des moi a perçu dans l’autre une importante analogie sur un certain point[10] . Dans notre cas il s’agit d’un degré de sentimentalité également prononcé : il se produit aussitôt une identification portant sur ce point et, sous l’influence de la situation pathogène, cette identification aboutit au symptôme qui s’est manifesté chez le moi imitée. L’identification par le symptôme fournit ainsi l’indication du point de rencontre des deux moi, point de rencontre qui devait, au fond, rester refoulé »[11].
Première remarque : ce récit qui date de 1921 laisse entendre que cet évènement (crises collectives dans un pensionnat de jeunes filles) était connu et fréquent en Europe au début du XX° siècle.
Deuxièmement, quant’ aux forces en présence :
Inutile d’insister : l’énigme est bien dans ce que Freud appelle « un point ». Point commun dit-il (entre la patiente et celle qui y répond par « contagion »), point de rencontre ou de reconnaissance ; familiarité d’autant plus inquiétante qu’elle reste ignorée (de structure[12]) ou indicible faute d’auditeur qui y accommode son oreille pour lui permettre de s’articuler ?
Le phénomène de « contagion » serait donc une identification à ce point, à ce trait : participation au même mystère, vibration harmonique à l’apparition d’un même terme silencieux.
Serait-ce l’entente de cette féminité même, si difficile à dire au-delà de la plainte ou de la revendication ? Qu’est donc le désir féminin, dont une des expressions dramatisée et pleine d’ambiguïté est, nous dit-elle, d’« être l’élue d’un diable amoureux » ?
N’oublions pas que ces crises apparaissent lorsque surgit pour elle, corps de femme naissant, l’exigence de répondre à ce qu’être femme veut dire jusque dans ses mystères singuliers, dans l’univers culturel et religieux qui est le sien, régit quasi exclusivement par les hommes. Question qui se fera d’ailleurs le plus souvent silencieuse (les crises disparaissent) pendant une grossesse ou après un mariage que l’on espère heureux, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elle y aura trouvé réponse mais peut-être simplement l’apaisement de lui donner raison.
Notons dans tout ceci l’importance du regard tant dans le donner à voir par la patiente (existe-t-il des
« crises » sans spectateur, même si celui-ci se révèle un spectateur potentiel ou virtuel ?) que dans la « contagion » (rappelons-nous le départ de quatre participantes le 7 février à Taouyah lorsqu’elles ont reconnu chez leur collègue les prémices d’une crise).
Comment alors rendre éloquent (donner la parole à) ce qui se donne à voir ? Mais n’est-ce pas là la logique du rêve et de son interprétation ?
Remarques.
Hétérogénéité de la population guinéenne sur le plan culturel, religieux, linguistique : partialité donc des conclusions des consultations.
Recommandation.
Ne donnons pas à la « Femme Qui Tombe » la même consistance réaliste que « les personnalités multiples », le « TSA », le « TDAH avec ou sans H », le « HPE », le « HPI », la « spasmophilie », la « fibromyalgie », le « syndrome de fatigue chronique », le « syndrome d’enlèvement par les extraterrestres[13] », etc, etc.
Ne créons pas le « trouble FQT » !!!!
Remarques générales.
- Toutes les crises ont commencé avant la formation à Intégra et n’ont, aux dires des patientes, aucun rapport direct avec celle-ci.
- Les patientes ne demandent qu’à parler, regrettant toutes de n’avoir pu le faire plus tôt.
Mais pas avec n’importe qui ni dans n’importe quelles conditions nous disent-elles.
- Nous n’avons pas rencontré de jeunes hommes qui présentent des crises. Non qu’ils n’existent pas, mais l’occasion ne s’est pas présentée. Je ne m’avancerai donc pas sur ce sujet.
Nous remercions les divers intervenants (Enabel, Integra, FMG) de nous avoir donné les moyens d’écouter ces patientes dans des conditions optimales, tant sur le plan matériel que professionnel et humain.
Conclusion générale.
De nombreux points restent à approfondir, à développer, à vérifier dans une approche clinique individualisée, tant du côté des patientes que des professionnels de la santé invités à les écouter. De nombreux points, dont peut-être le plus simple : pourquoi tombe-t-elle ? En dire l’intrigue ne répond pas à la question : mais pourquoi en perd-t-elle connaissance. Ou, plus précisément, pourquoi perd-t-elle conscience. Pourquoi s’absente-t-elle lorsque se pose à elle ce qui pour elle n’est encore qu’une énigme non énoncée ? Elle s’absenterait avant même d’avoir entendu se poser la question ? Pour éviter qu’elle ne se pose ? Pour laisser suspendue la Demande de ce « grand Autre » imaginarisé qu’est le diable ? Peut-être ! Mais comment refuser d’entendre ce qu’on ne connait pas encore ? Suivre cette question à la trace nous réserverait, j’en suis persuadé, des surprises, comme pourrait nous surprendre l’évolution clinique et le sort fait à ces crises lorsque la patiente acceptera de prendre la parole. Non de raconter, non d’échanger, non de partager, mais de prendre le risque de (se) dire, à un professionnel qui accepterait de ne pas savoir à sa place (position inverse donc de la position du médecin et du tradipraticien).
Mais peut-être ne sont-ce là que les deux faces (perdre conscience/se dire) d’une même réalité ? L’envers et l’endroit d’une même surface, constituante de l’appareil psychique ? Assistons-nous là à la naissance d’un sujet ?
Par contre, concernant la signification des « crises », entendons celles-ci comme un compromis.
Comme un cri étouffé. Un cri non encore articulé à un discours à produire.
Un compromis entre le silence d’une condition féminine qui refuse de se taire, et les risques qu’encoure la parole individuelle d’une femme guinéenne lorsqu’on la sait quasi irrecevable pour plus d’un homme. Ce n’est pas pour rien qu’elles se taisent, ou ne parlent qu’avec leur symptôme. Je reprends leurs termes, entendus plus d’une fois : elles se taisent pour « n’être pas moquées ou diffamées ».
Mais n’oublions pas ceci cependant : si une parole signifiante venait à se dire, que l’une après l’autre, ces femmes se « contaminaient » de dire ce qui les traverse, et que les langues se déliaient non de s’être mordues mais de s’être libérées, que deviendraient-elles au sein de leur communauté ? En Europe, la réponse peut être : séparation, divorce, rupture… plus rarement démantèlement et reconstruction des liens sur une autre modalité. Mais en Guinée ? Et nous savons qu’une conscience éclairée ne plait pas aux fanatismes[14].
Quoi qu’il en soit, restons prudents. Comme tout symptôme névrotique, ces crises disent en silence une vérité en gésine. Avons-nous à décider du destin individuel de ces crises si nous leur donnons la chance de venir à leur terme ? Cette vérité sera celle de la patiente. C’est à elle qu’il reviendra d’en faire l’histoire d’une vie, combat politique ou destin de femme, d’épouse, de mère, ou d’amante. Ou un peu de tout cela…
Paleyrac, le 27 février 2023 Michel DEWEZ
Annexe
Quelques points de repère en vue de l’exercice de la psychothérapie individuelle.
Principe :
Le symptôme psychique, qu’il soit comportemental (« crise »), somatoformes (somatisation, conversion, douleurs chroniques), ou exclusivement psychique (inhibition, angoisse, phobie, etc) relève d’un conflit psychique que le patient n’identifie pas nécessairement (si c’était le cas, il n’y aurait pas « symptôme » mais travail de réflexion et décision).
Crise = parole suspendue.
Appelons cette crise une crise émotionnelle.
A la question posée à la patiente : « pourquoi une telle crise ? », elle répondra sans doute : « je ne sais pas » (à la différence de la réponse à la même question en cas de pathologie traumatique).
Reconnaissons cependant dans cette « crise » un appel, adressé aux personnes présentes. (Existe-t-il des crises sans témoins ?)
Un appel dans une langue muette peut-on dire. Dans un temps de suspend de la parole.
Mais quel est le sens du message silencieusement énoncé par le corps ?
Si l’expression est somatique et l’origine « émotionnelle », de quelle émotion s’agit-il ?
Posons l’existence d’un conflit, générateur de la crise qui en est l’expression autant que la résolution en termes énergétiques.
Si « langage » il s’agit, il parle la langue du patient, qui lui est propre, faite de son histoire individuelle dans sa culture propre. Il se nourrit dès avant la naissance des évènements de vie propres à chacun et se décline avec le vocabulaire culturel que chacun trouve en naissant.
Il ne pourra donc s’entendre que dans la « langue » propre de chaque patient, non au sens linguistique, lexical, sémantique mais au sens où les expériences de chacun viennent donner aux mots, aux paroles, une « couleur » qui lui est propre, comme nous le montrent nos rêves. Il n’y a pas de clé des rêves (une même signification pour tous des mêmes symboles) mais une « langue privée », unique à chacun, faite de son histoire personnelle dans son environnement familiale, ethnique, culturel, religieux, historique à lui particulier.
La langue « privée » est celle dont se nourrit la parole vraie. La parole de la confidence. Celle où se dévoile la vérité de la patiente, en toute sincérité. Celle que l’on garde par devers soit et que l’on ne partage qu’exceptionnellement, non sans prudence ni réserve. Celle parfois que l’on refuse à son interlocuteur, parce qu’on n’a pas confiance, de peur d’être moqué ou diffamé.
Le symptôme (par exemple la « crise ») est comme une phrase écrite en blanc dans le récit que la patiente peut faire de sa vie, phrase écrite dans sa langue privée (celle dans laquelle elle parle d’elle « vraiment ». En confidence).
Ce sera donc à la patiente de lire dans cette langue individuelle, qui n’appartient qu’à elle, la signification de son symptôme pour qu’elle en guérisse.
Comment le lui permettre.
Le cadre :
Au calme, portes fermées (sans entrées et sorties incessantes de tiers), sans être interrompu, et ce pour maintenir le fil des propos et des associations (consignes données aux tiers : pas d’interruption avant la fin de l’entretien), téléphone éteint.
Consignes énoncées au début du travail et à maintenir :
Liberté de parole (tout peut se dire), confidentialité (le respect du secret est la condition de possibilité d’une parole vraie, y compris vis-à-vis des conjoints et membres de la famille), relation personnalisée (individualisée). Rappel : en Europe, les enfants ont droit au secret professionnel y compris vis-à-vis de leurs parents. (Existent de rares exceptions)
La parole vraie ne s’ouvre que d’une personne à une personne et non d’un usager à un fonctionnaire, même très compétent mais plus ou moins anonyme et qui peut être remplacé par un autre fonctionnaire tout aussi compétent.
L’exercice de la médecine organique demande respect et confiance réciproque, échanges sincères et cordiaux entre patient et médecin. Mais pas plus, et c’est très bien.
L’exercice de la psychothérapie met à l’épreuve la parole vraie, celle de l’aveu et de la confidence et s’ouvre de personne à personne, individuellement.
La médecine organique est la recherche par le médecin auprès du malade de symptômes/signes qui feront syndrome puis maladie et donc traitement. C’est le médecin qui sait, et le malade qui ignore et vient chercher chez le médecin son savoir acquis à l’université et son expérience de clinicien.
La psychothérapie est écoute de la parole privée du patient, dont le psychothérapeute ignore tout avant que la patiente ne l’énonce. Il est prié de mettre entre parenthèse ses aprioris, ses jugements de valeurs, ses références culturelles et religieuses, ses opinions politiques, ses convictions philosophiques, son savoir universitaire. Sa position de neutralité bienveillante s’ouvre à toute parole possible. C’est la patiente qui sait, même si elle ne sait pas trop ce qu’elle sait avant de l’avoir dit. Et comme en arrivant, la patiente ne l’a encore jamais dit à personne, le dire est surprise pour elle comme pour le psychothérapeute.
Il ne s’agit pas de faire l’étude du symptôme comme en médecine, et de vouloir en faire l’histoire par des questions précises (description de la crise, circonstances, fréquence, etc.)
Il s’agit de reconstituer la continuité de l’histoire de la patiente, de sa vie à elle, et d’y intégrer progressivement le symptôme (la crise par exemple) comme évènement historique.
Notre savoir de médecin nous est nécessaire pour poser un diagnostic différentiel mais pas plus (crise émotionnelle versus crise d’épilepsie par exemple). Ceci fait, nous mettons en poche notre savoir médical (et notre carnet de prescription de médicaments) et nous nous mettons à l’écoute.
Travail au long cours, d’invention et de découverte.
Ecueils : il nous faut garder la bonne distance. Ni intime, ni fonctionnaire. Nous sommes celles et ceux qui rendent possible la parole de la patiente et qui lui conférons son inventivité et son pouvoir de guérison, pas plus. Et gardons-nous de nous imaginer que ce pouvoir nous appartient. C’est la parole qui guérit, pas le psychothérapeute. Il ne fait que donner vie à cette parole.
Qu’existe cette parole vraie est notre objectif. La guérison vient de surcroit.
Notre visée n’est pas normative (faire rentrer les choses dans la norme, dans l’ordre, quel qu’il soit) mais qu’existe une parole libre et vraie. C’est elle le moteur du changement.
Le temps de parole ne sera pas trop long. Ce qui est dit est dit, inutile d’y revenir ou de se répéter et encore moins de s’y complaire. Se plaindre n’apporte pas grand-chose. Nous avons rapport, bien plus qu’avec la personne de la patiente, avec ce qu’elle nous dit.
La fréquence dépend des disponibilités de chacun. Ni creuser dans le sable ni jeter de l’huile sur le feu.
Conakry, le 9 février 2023 Michel Dewez
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[1] « Iconographie photographique de la Salpêtrière. Service de M. Charcot » Regnard Paul, Bourneville Désiré Magloire, Paris, 1877. 2 « Invention de l’hystérie, Charcot et l’iconographie photographique de la Salpêtrière », Georges Didi-Huberman, Macula, 1982.
[2] Minard Michel « Le DSM-ROI. La psychiatrie américaine et la fabrique des diagnostics ».
[3] Lasègue Ch. « Ecrits psychiatriques ».
[4] Gauchet Marcel, Swain Gladys « Le vrai Charcot » p188 sq. 6 « DSM-5 » APA, Elsevier Masson, p 376 et 377.
[5] Le Docteur Jacques Schotte (1926 – 2007), psychiatre et psychanalyste belge, fut Professeur de psychologie clinique à Gand et à l’Université Catholique de Louvain.
[6] Schotte Jacques « Vers l’anthropopsychiatrie, un parcours ».
[7] https://www.universalis.fr/encyclopedie/pentecotisme/
[8] En annexe.
[9] Charcot l’appelait « la chose génitale », Freud « libido » et Lacan « jouissance », distinguant la féminine de la masculine et démontrant logiquement leur impossible rapport. En cela, je ne partage pas l’hypothèse « sociologique » des crises, le trauma n’étant pas extérieur mais de structure.
[10] Ce « point », ce « trait », « Einziger Zug » écrit Freud, a été traduit par Lacan par « Trait Unaire », dont il développera l’usage conceptuel essentiel à la compréhension de tels évènements tout au long de son enseignement, mais en particulier dans son « Séminaire IX : L’identification ».
[11] Freud Sigmund « Psychologie des masses et analyse du moi ».
[12] Fierens Christian « Lecture de l’identification de Lacan, De l’utopie d’identité au moteur de l’invention ».
[13] Maleval J.C. « Etonnantes mystifications de la psychothérapie autoritaire » p 33 – 49.
[14] Malka Richard « Traité sur l’intolérance ».